Article rédigé par Christian Chalandre pour l’Atlantic Yacht Club
Depuis l’édition précédente de 1968 :
Pen Duick IV à peine mis à l’eau, Tabarly a déjà mis en chantier le « V » ! Encore un bateau révolutionnaire, le premier avec des ballastes, que l’on retrouve maintenant sur les 60 pieds du Vendée Globe, avec lequel il va gagner la trans-pacifique devant un certain Jean Yves Terlain qui courait sur un Arpège de Dufour !
1969, Robin Knox Johnston remporte en 312 jours la première course autour du monde à la voile en solitaire sans assistance, l’ancêtre du Vendée Globe. Cette course fera connaitre « Joshua » et Bernard Moitessier, qui en tête de la course abandonnera « pour sauver son âme » et continuera un autre demi tour du monde jusqu’à Tahiti.
Le 25 mai 1969, un petit bateau de 10 m quitte La Rochelle pour 50 000 milles du Spitzberg à l’Antarctique. Le périple de « Damien » commence.
1971, Chay Blyth accomplit en 302 jours le premier tour du monde à la voile en solitaire sans assistance et sans escale dans le sens Est Ouest, c’est-à-dire contre les courants et les vents dominants sur son ketch « British Steel ».*
1972, Tabarly gagne Los Angeles- Tahiti en équipage sur sa goélette Pen Duick III. Il pense déjà au « VI » !
Revenons à l’OSTAR qui a acquis ses titres de noblesse :
54 bateaux sont au départ de cette 4ème édition et tous ont satisfait aux conditions de sélection. Ils sont 40 classés (Le temps limite est de 60 jours). La taille va de 6,70m (« Willing Griffin » qui termine en 52 jours et prend la dixième place en temps compensé !) à 40 m pour « Vendredi 13 ».
Bien que la grande majorité des bateaux soient encore équipés de régulateurs d’allure, les pilotes électriques font leur apparition, mais ils doivent avoir une source d’énergie indépendante du moteur. Les concurrents sont donc équipés de panneaux solaires, d’hydrogénératrices, et d’éoliennes. Les récepteurs météo sont autorisés mais le routage est interdit ainsi que radar, Loran ou Decca.
Pour la première fois trois femmes, deux Françaises et une Polonaise, prennent le départ et terminent la course. Sir Francis Chichester prend le départ sur son nouveau ketch « Gypsy Moth V » avec lequel il vient d’établir un record : 4000 milles en 22 jours ! Un bon entrainement ! Mais il est malade, affaiblit et doit abandonner. Il décède le 25 Août de cette année.
Plusieurs bateaux sont sponsorisés, mais une polémique commence à naître. Les organisateurs obligent Jean Marie Vidal à transformer « Cap 33 export » en « Cap 33 » et Anne Michaïloff se contente de « PS » pour « Peter Stuyvesant ». Par contre, « British Steel » et la marque de bière « Strongbow » ne rencontrent aucune difficulté !
Au cours de cette édition, se côtoient les bateaux « professionnels » à gros budgets et les amateurs qui courent encore dans le pur « corinthian spirit [1] ».
Une ligne de départ très hétérogène :
- Alain Colas, dont le trimaran n’est pas manœuvrant est mouillé. Il largue le mouillage que son frère récupère.
- Jean Yves Terlain tire « tranquillement » un bord avec ses trois focs bômés, à la stupéfaction générale.
- Du petit monocoque de 6,7 m aux grands monocoques, « British steel », « Gypsy Moth V », « Wild Rocket » et aux multicoques, tout le monde est attentif et le départ se déroule sans problème.
- Le dernier à partir, Peter Crowther [2], navigue sur un cotre franc construit en 1908, « Golden Vanity » a déjà traversé quatre fois l’Atlantique. Il ne sera pas classé, car le temps est limité à 60 jours. Il va manœuvrer pendant 88 jours son gréement aurique à bout dehors. Sur le pont, il y a une bicyclette car il a bien l’intention de se balader aux Etats Unis !
Les Français dans la course :
13 Français sont inscrits pour cette édition. Le podium est entièrement Français.
- 1er : Alain Colas sur Pen Duick IV bat le record de plus de 5 jours. C’est le premier multicoque à gagner l’OSTAR et désormais, à l’exception de 1976, la course sera toujours dominée par un multicoque. Après avoir navigué avec Eric Tabarly et Olivier de Kersauzon dans le pacifique sur Pen Duick IV, Alain Colas s’est lourdement endetté pour racheter le trimaran. Il le ramène en solitaire de la réunion. A l’arrivée, il a parcouru 10 000 milles en 66 jours. Il connait son bateau ! (A lire : un tour du monde pour une victoire).
- 2nd : Jean Yves Terlain sur Vendredi 13 dessiné par Dick Carter. L’idée est révolutionnaire : un bateau léger, étroit et grand (40 m). Trois focs bômés faciles à manœuvrer. Il doit être invincible au près dans la brise. Mais il n’est performant ni dans le petit temps ni au portant. Il est prêt de gagner son pari et termine à moins d’une journée de Pen Duik IV. Il avait un contrat avec Claude Lelouch qui devait faire un film sur la course. Celui ci ne sera jamais réalisé. Le duel est immortalisé par une photo d’Alain Colas à mi route, lorsqu’il double « Vendredi 13 » au milieu de l’Atlantique.
- 3ième : Jean Marie Vidal sur Cap 33 export prend la troisième place avec un autre trimaran en passsant par la route sud. Ce pharmacien, pilote, parachutiste, nageur de combat, a préparé son bateau très discrètement mais avec beaucoup de rigueur.
- 6ième : Gérard Pesty sur un trimaran de croisière confortable « Architeuthis »
- 7ième : Alain Gliksman qui avait du abandonner lors de l’édition précédente sur son ketch « Raph » a fait le choix d’un monocoque très fin et léger « un bateau de lac » qu’il va pouvoir mener au maximum.
- 11ième : Marc Linski sur Iles du Frioul. Ce bateau deviendra le navire amiral de son école de la mer. « Guide de haute mer ».
- 14ième et 1ère femme à terminer la course, Marie Claude Fauroux traverse sur un bateau de croisière de 11 m « Aloa VII », un bateau de série.
- 16ième : Joël Charpentier sur sa goélette avec laquelle il fait école, « Wild Rocket ». Ayant rapidement des problèmes de gréement, il fait demi tour, répare et repart.
- 17ième : Yves Olivaux sur « Aloa I ».
- 18ième : Guy Piazzini sur « Cambronne », un « Rorqual » de 13,50m.
- 19ième : Pierre Chassin sur « Concorde »
- 40ième : Anne Michailoff sur « PS », un « brise de mer » en aluminium en plus de 59 jours soit à 18 heures de la fermeture de la ligne.
- Un seul Français abandonne, Eugène Riguidel sur « Onyx ». On entendra rapidement reparler de lui.
Classement général
Skipper | Yacht | Type | LOA | Temps réel | Temps conpensé | Classement | Nation | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | COLAS Alain | PEN DUICK IV | T | 70 | 20j13h15mn | 16j19h15mn | 1 | FRA |
2 | TERLAIN Jean-Yves | VENDREDI 13 | M | 128 | 21j5h14mn | 21j5h14mn | 24 | FRA |
3 | VIDAL Jean-Marie | CAP 33 | T | 53 | 24j5h40mn | 17j10h20mn | 2 | FRA |
4 | COOKE Brian | BRITISH STEEL | M | 59 | 24j19h28mn | 16j18h8mn | 15 | GBR |
5 | FOLLETT Tom | THREE CHEERS | T | 46 | 27j11h4mn | 19j17h4mn | 3 | USA |
6 | PESTY Gérard | ARCHITEU THIS | T | 55 | 28j11h55mn | 19j21h35mn | 4 | FRA |
7 | MINTER-KEMP Martin | STRONGBOW | M | 65 | 28j12h46mn | 22j21h6mn | 28 | GBR |
8 | GLIKSMAN Alain | TOUCAN | M | 34.5 | 28j12h54mn | 15j22h34mn | 12 | FRA |
9 | FAGGIONI Franco | SAGITTARIO | M | 50.5 | 28j23h5mn | 19j7h25mn | 20 | ITA |
10 | FERRIS James | WHISPER | M | 53.5 | 29j11h15mn | 15j6h35mn | 9 | USA |
11 | LINSKI Marc | ISLES DU FRIOUL | M | 48 | 30j2h45mn | 19j16h5mn | 21 | FRA |
12 | BARANOWSKI Krzysztof | POLONEZ | M | 45 | 30j16h55mn | 17j9h35mn | 17 | POL |
13 | MCMULLEN Mike | BINKIE II | M | 32 | 31j18h10mn | 10j13h30mn | 3 | GBR |
14 | FAUROUX Marie-Claude | ALOA VII | M | 35 | 32j22h51mn | 14j18h11mn | 7 | FRA |
15 | BRAZIER Jock | FLYING ANGEL | M | 46 | 33j9h21mn | 14j7h1mn | 11 | GBR |
16 | CHARPENTIER Joël | WILD ROCKET | M | 63 | 34j13h38mn | 27j6h18mn | 12 | FRA |
17 | OLIVAUX Yves | ALOAI | M | 35 | 34j17h30mn | 16j12h50mn | 13 | FRA |
18 | PIAZZINI Guy | CAMBRONNE | M | 45.5 | 35j10h24mn | 20j15h4mn | 14 | FRA |
19 | CHASSIN Pierre | CONCORDE | M | 43 | 36j1h19mn | 22j17h59mn | 15 | FRA |
20 | WEBB Bruce | GAZELLE | M | 47.5 | 36j2h7mn | 18j14h7mn | 16 | GBR |
21 | HOLTOM John | LA BAMBA | M | 34 | 36j4h30mn | 12j9h10mn | 17 | GBR |
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